Retouche photo pour ou contre ?

MAJ: 17/08/2023  > Cet article ci-dessous est quelque peu dépassé depuis cette année, suite aux innovations et à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les logiciels récents comme Photoshop, Luminar Neo (fin octobre) et d’autres plateformes en ligne. En effet, les technologies d’IA générative débarquent à présent massivement dans le quotidien des photographes, adeptes de la postproduction, de la retouche photo, afin de gagner un temps précieux auparavant consacré à des tâches banales, notamment, comme la manipulation des scènes, la suppression d’éléments indésirables (par exemple effacer l’arrière-plan et le remplacer par un autre), l’agrandissement du cadre d’une photo (c’est-à-dire générer le hors-cadre inexistant d’une photo existante, ce qui en soi, est l’une des plus grandes innovations !) ou bien l’utilisation de nouveaux moyens créatifs pour améliorer la photo. Ceci a pour conséquence malheureusement d’un déferlement (particulièrement en ligne) de photographies (par extension, cela concerne aussi le monde de la vidéo…) moins authentiques, manipulées, et donc pour certaines de « photos fake / photos mensongères ». Certes, ceci était déjà plus ou moins possible préalablement, mais de façon plus fastidieuse, désormais ce genre de retouche ou de manipulation d’image est d’une simplicité déconcertante, même pour un novice. Par honnêteté, il faudrait presque dorénavant indiquer sur la photo publiée en ligne ou sur papier, s’il s’agit d’une prise de vue authentique (pour lesquelles de légères corrections sont autorisées, ou d’une photographie issue d’une retouche partielle ou complète avec l’IA, d’ailleurs certains concours photographiques tolèrent ou pas ce genre de photographies). Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, suite logique d’un long processus d’innovation, l’IA est maintenant un outil qui peut également assister le photographe au quotidien, lui faciliter la tâche dans son processus de postproduction, (son workflow), soit pour améliorer une photo existante, soit pour imaginer une composition, une maquette pour une future prise de vue, soit pour générer la photo de ses rêves, qu’il n’a pas pu faire en condition réelle. Le photographe peut disposer ainsi sur son ordinateur avec ces outils boostés à l’IA d’un petit laboratoire expérimental, et de façon ludique, tester sans limites, la réinterprétation de ces photos, l’amélioration notoire de certaines anciennes photos, la composition et la génération de nouvelles photos dans différents styles de prises de vue, de lumières, en définissant à l’aide d’une description de textes (prompt) le choix des objets, des sujets, le type d’appareils photo, de l’ouverture de l’objectif choisi et de sa vitesse d’obturation ! Il s’agit d’une grande révolution, j’écrirais sans aucun doute un nouvel article à ce sujet !

Certains photographes attachent de l’importance à souligner que leurs prises de vue sont effectuées dans les conditions réelles, et qu’ils n’interviennent jamais par la suite sur leurs photographies pour les retoucher ou apporter quelques corrections légères (c.à.d. l’image correspond au jpeg original délivré par le boitier : jpeg OOC – out of camera). La première raison, c’est le manque de temps, la postproduction d’une image peut être chronophage. Certes, le recadrage est toléré et n’est pas considéré comme une retouche. La seconde raison est la volonté de garder l’authenticité du rendu du boitier en espérant que cela corresponde à la situation réelle, et surtout de ne pas tomber dans le piège de la retouche à outrance (par ex. avec HDR et sursaturation), qui dénature le réalisme des clichés !

Etonnamment, ce sont souvent les photographes professionnels, de type reportage – photographie sportive ou de mariage, qui effectivement pris par le temps, de rendre un travail dans des délais très courts, délivrent les photographies sous forme de fichiers et n’interviennent presque jamais sur leurs photos. Les photographes publicitaires et de studios ont finalement une démarche assez similaire, toutefois eux disposent du temps nécessaire pour affiner les réglages en amont, et ainsi contrôler au mieux les conditions de prise de vue avant le déclenchement de la photographie (que ce soit en intérieur ou en extérieur, les critères suivants sont très précis : le choix de la composition, la lumière naturelle en fonction de la météo, les apports de lumières externes, flash, boîtes à lumières, le stylisme et le maquillage des figurants,…) afin d’avoir les conditions parfaites pour une photo parfaite. Le photographe sait exactement d’avance, à quoi ressemblera la prise de vue, et celle-ci sera parfaite, quitte à en refaire quelques unes, pour avoir un choix possible parmi une sélection de photographies. Du coup, presque aucune retouche sur la photo sera nécessaire par la suite, au plus quelques corrections minimes pour compenser l’interprétation délivrée par le boitier et adapter la photographie pour son support. Il faut souligner que ces photographes professionnels utilisent en général le meilleur matériel professionnel, disposent selon leurs besoins d’une panoplie d’optiques de qualité, et se donnent ainsi les moyens techniques selon les standards du marché d’avoir du bon matériel, comme outil de travail au quotidien, quitte à renouveler tous les 2 ou 3 ans, le boitier (qui évolue dans ses performances grâce aux innovations technologiques) et qui restera compatible avec leurs optiques. Le matériel photographique performant de qualité, certes est onéreux, mais est un atout, car les photographes n’ont plus l’envie ou forcément le temps, d’investir encore du temps pour de la retouche.

Je tiens à préciser que je ne désire pas généraliser ces propos précédents, un photographe professionnel est avant tout, un photographe efficace qui vit de son travail, qui maîtrise son matériel et son processus de travail adapté à sa prestation de service, qu’il sait vendre à son type de clientèle (et c’est déjà une prouesse !). Malheureusement, la photographie dans ce contexte n’est souvent plus une passion, le temps est compté, la routine s’installe, il faut assurer un rythme productif de travail et de chiffre d’affaire pour pérenniser son activité, développer son sens des affaires, parfois au détriment d’investir du temps pour s’intéresser au monde de la photographie et de son évolution. Certains de ces photographes passent d’ailleurs parfois par des sous-traitants pour la retouche numérique, si vraiment cette étape est nécessaire dans le cadre de leur commande. 

D’autres photographes amateurs confirmés ou semi-professionnels, développent quant à eux, une démarche professionnelle et expérimentale plus variée et compliquée. Ils prennent le temps nécessaire, investissent également dans du bon matériel (parfois avec plusieurs boitiers et équipement différents) et sont animés par une vraie passion, par la recherche de parfaire leur savoir-faire, s’intéressent aux innovations techniques (matériel et logiciels), au monde de la photographie au sens général (histoire, techniques, publications, expositions, photographes, agenda des évènements photo…), partagent leur expérience avec d’autres photographes, leurs connaissances avec un blog, participent à des expositions, à des concours, dans des clubs photos. En résumé, ils s’intéressent autant, à réussir une photographie, sans devoir faire une seule retouche et autant au savoir-faire, comment retoucher une photographie, afin que celle-ci ressemble à ce qu’ils imaginent, sans compter le temps à investir pour la post-production !

C’est ici que le fichier brut délivré par le boitier, le fichier RAW en l’occurence, présente un énorme avantage en terme de qualité par rapport au fichier jpg (OOC) généré par l’appareil photo, à condition d’investir un peu de temps en post-production pour en retirer un bon rendu ! Le fichier RAW n’est certes pas proposé d’office dans certains modèles (entrée de gamme) mais est de plus en plus courant ! On le trouve dans cette gamme de produits : smartphone, compact, compact expert, bridges, hybrides, reflex APS-C, APS-H, 24 x 36, et moyen format.

À l’heure, où j’actualise cet article en septembre 2022, le smartphone de la marque Apple, l’iPhone 14 Pro et Pro Max dispose d’un capteur de 48 Mpx sur l’objectif principal avec un fichier Apple ProRAW de 48 Mpx ! La plupart des utilisateurs de cette merveille technologique, disposent sans vraiment le savoir, d’un appareil photographique capable de faire de meilleures photos que beaucoup d’autres appareils photographiques surtout en intérieur ! Mais sans les connaissances, et la volonté de prendre un peu le temps, ils ignoreront ce type de fichier (d’ailleurs très lourd, entre 45 et 100 Mo par cliché) et se contenteront du format jpeg à 12 Mpx avec des images autour de 5 Mo… Le résultat sera forcément nettement moins détaillé, certes agréable à regarder sur un écran de smartphone, mais beaucoup moins sur un écran de 27″ de qualité rétina ou équivalent.

En clair, la photo jpeg ne vaut rien, pour un photographe qui attache de l’importance à la qualité du rendu de l’image affichée à 100% sur l’écran, notamment pour en faire un grand tirage ou un recadrage. À titre d’exemple, voici ci-dessous, la première photo mise à disposition au format Apple Pro Raw à 48 Mpx pour prendre conscience de la qualité de l’iPhone avec ce capteur, qui rivalise facilement en détail avec d’autres appareils photographiques ! Du moins, cela peut être suffisant pour certains usages, les boitiers photographiques gardant néanmoins un grand avantage, au niveau du choix des optiques possibles (de l’ultra grand-angle jusqu’au téléobjectif), au détriment du poids et de la compacité de l’appareil, qu’il faut également avoir sur soi, car la meilleur photo est toujours celle, que l’on fait, lorsqu’on en a besoin, avec l’appareil que l’on a à sa disposition !

Apple ProRAW de 48 MPx développé avec Luminar 4, ajout léger de netteté avec Topaz Sharpen AI. 
Résolution 8060 x 6044 px, Taille du fichier 62,9 Mo. Pour consulter la photo à 100 %, ici.

Si seulement les boitiers photographiques avaient profité ces derniers temps du même engouement d’innovations technologiques (complexes et aussi dopés à l’intelligence artificielle) que les smartphones, qui eux, dotés d’une optique (ou plusieurs) de la taille d’un oeil de poule, commencent à faire de la concurrence sérieuse à des appareils photo et présentent clairement des avantages dans certaines situations, notamment dans le rendu des ciels, la restitution réaliste des couleurs, la vision de nuit !

Du coup, la révolution de l’appareil photographique, où la population mondiale s’est équipée massivement en 2008-2010, (éventuellement a renouvelé par la suite une fois son équipement), se contente désormais des aptitudes du smartphone comme seul appareil photo, qui propose un net avantage : sa compacité. Le coût à moyen terme, revenant finalement assez cher, car l’argument et l’intérêt du renouvellement assez rapproché des smartphones est le progrès de celui-ci dans ses aptitudes à prendre de meilleures photos ! (en moyenne, les smartphones sont renouvelés tous les 3 ans, sans parler de ce grand gâchis de ressource, juste à cause de la photo…).

Entretemps, le marché classique des boitiers numériques a drastiquement chuté et survit grâce aux photographes amateurs experts et professionnels… Dommage, car depuis 2017, les boitiers photographiques ont pour la plupart atteint une qualité qui devient très intéressante : enfin les photos nettes, lorsqu’elles sont affichées à 100% sur l’écran ! Enfin assez de résolution (minimum 24 Mpx jusqu’à 42 Mpx, voir plus) pour faire des recadrages corrects ! Aussi les optiques récentes sont de meilleure qualité et adaptées aux grandes résolutions des boitiers récents, car jusqu’à présent, il y avait hélas une trop grande perte de transmission d’information entre les anciens objectif et les boitiers numériques. Par contre, pour avoir un équipement correct de qualité, un boitier plus deux ou trois objectifs (dans l’idéal avec une grande ouverture), c’est un investissement onéreux, qui correspond aux besoins des photographes amateurs experts et professionnels, mais pas pour le grand public.

Pour en revenir au sujet de cet article, cette question n’a presque plus de signification avec l’actuelle génération des boitiers numériques, qui permettent pour certains, de développer en interne (c’est-à-dire directement dans l’appareil photo en réglant les paramètres via l’écran au dos du boitier) les fichiers RAW et de générer de nouveaux fichiers jpeg (légèrement retravaillés pour compenser quelques erreurs d’interprétation). Certains appareils photos proposent même d’aller plus loin en stylisant les photos avec divers filtres de transformation. Sans parler, des smartphones ou de rares appareils photos (comme par exemple le récent Zeiss ZX1 avec Adobe Photoshop Lightroom intégré dans le boitier) permettant non seulement, avec des applications dédiées à la retouche (Snapseed,…) ou à la stylisation des photos, d’améliorer ces photos et ceci de façon mobile (certes ce n’est pas confortable, l’écran est bien trop petit…), sans être devant son ordinateur, mais aussi grâce à la connectivité via le Wifi ou la 4G, de partager directement ses photos sur le net et les réseaux sociaux.

Au sens large, pour le même sujet, en fonction de son boitier, de sa marque et de l’optique, le rendu jpeg (OOC) de l’image sera interprété quelque peu différemment par les algorithmes intégrés dans le boitier (netteté, résolution, dynamique, balance des blancs, aberration chromatique, distorsion de l’image, bruit…), mais grâce au fichier RAW, si le mode RAW+JPEG a été choisi préalablement, il sera sans problème possible d’adapter cette interprétation proposée par son boitier pour une personnalisation plus personnelle des réglages dans une application de développement RAW (il y a de nombreux logiciels, et la plupart sont très bons. Pour ma part, après avoir testé quelques uns, j’ai choisi Iridient Developer). À cela s’ajoute que le rendu des photos sur l’écran est parfois légèrement tronqué, car il faudrait intervenir sur l’image, dans l’idéal avec un écran de qualité, bien calibré au niveau des couleurs. 

Qu’il s’agisse d’un traitement léger de l’image brute (RAW ou DNG) via le boîtier ou du développement numérique de l’image via un logiciel sur ordinateur ou sur tablette, cette étape est souvent nécessaire, pour corriger les erreurs de rendu des capteurs numériques (loin d’être parfait), les défauts des optiques ou tout simplement les mauvais réglages lors de la prise de vue, et ainsi améliorer le visuel, souvent dans un souci de réalisme et de qualité d’image, ou bien alors d’aborder une étape supplémentaire, celle de la stylisation ou d’une démarche de retouche plus approfondie. Ceci bien sûr en fonction de l’utilisation de l’image : publication en ligne, publication imprimée en offset et ou tirage papier en grand format.

Exemple didactique de retouche nécessaire : l’ouverture F/5.6 ne permet pas suffisamment au sujet, la mouette rieuse, de se détacher de son arrière-plan sombre et légèrement flou
Eclaircissement de la scène en renforçant aussi la saturation des couleurs, renforcement du bokeh, pour permettre à l’oiseau de mieux se détacher de l’arrière-plan. Cette étape de post-production a demandé un peu plus de temps : détourage de la mouette, ajout d’un dégradé flou de l’objectif sur l’arrière-plan et ajout de la mouette par dessus.

Parfois la retouche numérique est possible et même nécessaire, aussi à partir d’un fichier jpg (OOC). Dans ce cas précis, le port de Hambourg, sous-exposé, le rendu sombre ne met pas en valeur l’ambiance du coucher de soleil. Retouche pour récupérer de la lumière avec Photoshop et Luminar 4, ajout de netteté avec Topaz Sharpen AI. Certes, le visuel ne parait pas très réaliste, mais est tout de même mieux.

(à gauche : le fichier jpeg OOC délivré par le Canon EOS 400D. À droite, exemple de développement du fichier RAW puis retouche en additionnant un pseudo-HDR noir et blanc à 50% pour renforcer le contraste et mettre en valeur les nuages – Rajout partiel d’un effet Tilt-shift. Cela a permis de rattraper une photo banale, légèrement floue).

Quoi qu’il en soit, l’oeil averti du photographe, décèlera presque toujours parmi l’océan des images véhiculés dans les médias et sur le net, mais aussi dans les publications imprimées, les photos qui sont justement peu réalistes, ou trop retouchées (notamment au niveau de la saturation des couleurs ou des effets à la mode utilisés parfois de façon trop exagérée, comme le hdr – high dynamic range). Cela concerne désormais aussi les contenus vidéos, tels les émissions, les reportages ou les documentaires diffusés à la télévision ou sur le net, où effectivement grâce aux technologies plus performantes, certains producteurs n’hésitent pas à retraiter numériquement l’ensemble du contenu audio-visuel dans le but de l’améliorer ou d’y apporter une touche stylisée, parfois malheureusement au détriment du réalisme. Cela concerne également les photos que l’on peut découvrir ici et là, dans la presse kiosque ou dans des livres, où malheureusement beaucoup d’images ne sont vraiment pas bien restituées, à cause d’une résolution insuffisante, de la qualité médiocre de la prise de vue ou de la trame d’impression.

C’est bien le problème de l’oeil critique du photographe averti… car heureusement, pour la plupart des personnes, une photo reste une photo : la compréhension d’une image se traduit d’abord par l’émotion suggérée par celle-ci, en somme la narration. Mais lorsque la qualité de l’image n’est pas adaptée au support de visualisation, c’est au détriment de sa perception et de sa compréhension, et cela pose problème ! Et pourtant, ce qui reste souvent en mémoire dans la notion du temps, n’est-ce donc pas l’idée ou la narration, plus que l’image dans tous ses détails ? Au fil des décennies, les exigences en matière de qualité d’image évoluent doucement. Il s’agit finalement d’une question de définition d’image sur écran ou de résolution d’image sur papier, qui concerne surtout les professionnels de l’image, et aussi ceux qui désirent progresser dans leur démarche photographique. Un nouveau débat se profilerait-il pour l’avenir des technologies de l’image ? Si le lecteur ou le spectateur ne voit pas vraiment de différences tangibles entre la Full-HD et la 4K, et même certains entre l’HD et la Full-HD, à quoi bon les soucis des photographes exigeant qui attendent impatiemment des écrans en 8K ? Ce serait effectivement génial de pouvoir visualiser une image de 33 millions de pixels (7680 x 4320) à l’échelle 100% ! Dell a présenté au CES 2017 un écran ultra HD 8K de 32 pouces avec une densité de pixels de 280 ppi ! Ces écrans rendraient également obsolètes tous les petites photos actuelles sur le net, qui se retrouveraient ainsi sans intérêt à la taille d’un timbre poste !

(Autre exemple : à gauche, la photo jpeg OOC du Canon EOS 400D. À droite, le développement du fichier RAW et ajout par mélange d’un calque pseudo-HDR – réalisé à partir d’un seul fichier RAW. Ajout également d’un fort vignettage, cela a permis de récupérer les zones sous-exposées des arbres sur le côté et de mettre en valeur le pont abrité).

À savoir, que dans le monde de la presse, il est généralement admis de retoucher légèrement les photographies, au niveau des réglages de base : contraste, saturation, netteté, luminosité, balance des blancs… Pour les cas de figure, où les photographies doivent être non retouchées comme pour les publications scientifiques, administratives ou autres, il existe un logiciel dénommé TunGstène, assez onéreux, proposé par la société eXo maKina, permettant de détecter et de définir le degré d’altérité d’une image numérique et ceci à partir d’une seule image !

Il faudrait préciser que l’usage de la photographie est une question de définition, ce qu’on attend d’elle : vendre la réalité ou le rêve / l’illusion. Est-ce que l’image se doit être conforme et respecter la réalité sans trucage et sans amélioration ? La photographie doit-elle se composer dans un contexte plus artistique, pour les besoins de vendre du rêve, de l’illusion ou une interprétation stylisée de la réalité ? L’image restera toujours le pouvoir de la séduction (le contraire est valable aussi…), le charme de se laisser enchanter par un rêve, une vision, en somme la photographie serait aussi comme la parole, ambassadrice d’une réalité tangible. Le rôle des publicitaires est d’innover et de transcender cette réalité descriptive et fonctionnelle du produit pour suggérer ou partager un monde plus proche des rêves en y apportant une valeur ajoutée : le concept, la narration, le rêve, l’art, le design, l’émotion, via différents artifices ou techniques de la communication visuelle. Ceci permettra l’impact d’une image conceptuelle dans la mémoire collective, véhiculant non seulement une culture du visuel et de son (ré)interprétation narrative, mais aussi l’aptitude à l’oeil non-averti à apprendre à discerner le faux du réel. Reconnaître, par exemple, si des éléments de l’image n’ont pas été retouché ou carrément issues (ou partiellement) d’image de synthèse, ce qui est d’ailleurs de plus en plus difficile à discerner aujourd’hui ! Les tendances du moment dans l’écriture d’un langage graphique et esthétique se dévoilent jour après jour et s’inscrivent dans une évolution continue dans le temps, grâce à différentes techniques utilisées conjointement (artisanale / manuelle / conventionnelle) et (numérique / technologique / virtuelle) tout en mettant en valeur la culture de l’image et de ses représentations : la peinture, sculpture, la bande dessinée, la calligraphie, la typographie, l’illustration, le cinéma…

Je reviendrais sur mes propos nuancés, concernant ces deux voies possibles dans la photographie : retouche, pour ou contre ? La question ne se pose plus vraiment aujourd’hui, le développement numérique est souvent nécessaire, pour combler quelques erreurs ou lacunes au niveau de la prise de vue, et ceci peut aussi s’appliquer sous forme de traitement automatique par lots, pour certaines séries de photographies prises dans les mêmes conditions. La retouche numérique est une étape optionnelle, pour donner un sens artistique à l’image, ou vraiment intervenir sur des éléments de l’image. Chaque photographe est libre en fonction de ses compétences d’intervenir sur l’image selon les exigences de l’utilisation prévue par celle-ci.

Les appareils photographiques ont évolué avec le temps, dans leur performance de photographier : d’écrire avec la lumière. Heureusement, la génération actuelle des boitiers numériques permet grâce au progrès des capteurs de mieux capter la lumière, avec notamment une meilleure sensibilité et une meilleure dynamique de l’image, ce qui se traduit par un meilleur rendu réaliste de l’image, qui de surcroit a une meilleure résolution, au fil des années.

Voici à titre d’exemple, une photos stylisée par rapport à l’image d’origine… Ce n’est pas toujours facile de se rendre compte de l’authenticité d’un visuel, parmi toutes les photos qui circulent sur le net, surtout lorsqu’elles sont présentées en petit format, et qu’il est impossible d’agrandir l’image

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